La méthode du commentaire de texte
Le commentaire, commentaire de texte, commentaire composé, commentaire littéraire - peu importe son nom - est un exercice incontournable du cours de français en seconde et en première. Au bac de français, que tu passes un bac général ou technologique, on te demande de réaliser un commentaire, qui correspond à une analyse de texte organisée et structurée autour de deux ou trois axes de lecture et qui rend compte de ses enjeux littéraires.
Pour réussir cet exercice réputé difficile, tu dois absolument connaître et maîtriser la méthodologie du commentaire, c'est elle qui te conduira sur le chemin de la réussite. C'est pour cette raison que je te propose un récapitulatif de chaque étape pour réussir ton commentaire et obtenir une bonne note au bac. Lis bien jusqu'à la fin, puisque je te propose également un exemple de commentaire de texte rédigé sur le chapitre 6 de Candide de Voltaire.
1) Les 4 étapes du commentaire
ETAPE 1: première lecture.
Lis avec attention le texte pour en saisir le sens et appuie-toi sur le paratexte pour éviter les contresens (notes, date de l'édition...). Attention toutefois à ne pas le citer ensuite, c’est le texte et seulement le texte que tu dois commenter.
Tu dois ensuite te poser les questions qui permettent de définir le texte:
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quel genre littéraire ? quel thème ?
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Quelle situation d'énonciation ? (qui s’adresse à qui ?)
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Quel ton ? quel registre ? (tragique, pathétique, lyrique, épique, comique, ironique, fantastique)
ETAPE 2: 4 lectures ciblées + brouillon.
Repère les caractéristiques du texte, formule des idées, des interprétations sur ce que le texte a d'intéressant, d'original, de spécifique.
Au brouillon, je te propose de faire un tableau en trois colonnes : citation (n° ligne ou vers), procédés, interprétation / effet produit. C’est ce que j’appelle le TRIO GAGNANT. Le tableau est évidemment une option pas une obligation.
Citations
Relever des citations (vers ou ligne) qui forment une unité de sens (ni trop longues, ni trop brèves)
Procédés
Les procédés littéraires correspondent à la forme du texte (manière particulière d'utiliser la langue) : procédés poétiques, rhétoriques, lexicaux, grammaticaux.
Interprétation
Il s'agit de se demander quel effet produit sur le lecteur le procédé relevé et le sens du texte qu'il permet de dégager.
Ensuite tu vas relire le texte à commenter 4 fois.
A chaque fois, tu vas concentrer ton attention sur l’un des aspects suivants, et tu vas reporter tous tes repérages dans le tableau créé précédemment.
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Procédés grammaticaux (temps verbaux, énonciation, choix des pronoms, phrases simples, complexes, verbales, non verbales, types de phrases, compléments circonstanciels, etc.)
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Procédés rhétoriques (toutes les figures de style)
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Procédés poétiques (prose ou vers, typographie, versification, sonorités, assonances, allitérations...)
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Procédés lexicaux (niveau de langage, vocabulaire adopté, champs lexicaux, etc.)
ETAPE 3: l’élaboration du plan au brouillon
a) Il s’agira d'abord de formuler clairement ton projet de lecture qui correspond à la problématique de ton commentaire.
La problématique, aussi appelée projet de lecture, est la question à laquelle on répond lorsque l’on analyse un texte littéraire.
Pour trouver facilement la problématique, tu peux te poser les questions suivantes :
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Un texte se rattache à un contexte (mouvement littéraire, forme ou thème traditionnel) : présente-t-il les caractéristiques attendues ou manifeste-t-il quelques écarts ?
Exemple : de quelle manière la critique de la bourgeoisie se met-elle en place dans cet extrait de roman réaliste ?
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Un texte se rattache à un genre : en possède-t-il toutes les caractéristiques ou y a-t-il quelques irrégularités ?
Exemple : en quoi cette fable répond-t-elle bien au double principe du placere (=plaire) et docere (=instruire) ?
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Un texte est traversé par plusieurs tonalités : leur nature et leur variété peuvent sembler ou non étonnantes.
Exemple : comment le poème lyrique conduit-il aussi à un sentiment de révolte et d’indignation ?
=>> La problématique naît de l’étonnement devant le caractère inattendu et original présenté par le texte.
b) Tu dois à présent trouver les grandes parties du développement à partir des relevés précédents : chaque texte à commenter possède 2 ou 3 particularités littéraires que tu dois découvrir et mettre en valeur à travers le plan dans le commentaire. Cela correspond aux axes de lecture, aux grandes parties de ton commentaire.
Chaque grande partie doit elle aussi être divisée en sous-parties (2 ou 3 paragraphes).
Une fois cette étape effectuée, tu peux insérer dans chaque sous-partie les remarques de ton tableau pour arriver à un plan détaillé que tu n’auras ensuite plus qu’à rédiger au propre dans l’étape suivante.
Voici à quoi peut ressembler un plan de commentaire :
Attention, ce n'est qu'un plan-type, qu'il faut nécessairement adapter au texte et qui intervient en réponse à la problématique.
I. Le genre littéraire et/ou le mouvement littéraire : texte représentatif d’un genre ou d’un mouvement ou originalité de ce dernier par rapport aux attentes du genre ou du mouvement ?
Le genre littéraire utilisé peut soit être tout à fait en accord avec les codes du genre, soit s’en éloigner. Selon le choix effectué par l’auteur, il est à mettre en évidence.
a. Composition du texte, structure, fonctionnement global du texte.
b. Thématiques / spécificités d’écriture
c. L’intervention et le statut du locuteur : situation d’énonciation (qui parle à qui ? Dans quelles circonstances ?) et relation avec le lecteur.
II. Tonalités et effets produits par le texte sur le lecteur
a. Tonalité 1 et son but, son intention.
b. Tonalité 2 et son but, son intention.
c. Tonalité 3 et son but, son intention.
III. Portée symbolique du texte, pouvoirs de l’écriture, fonctions du langage et messages.
a. L’implication du lecteur.
b. Fonction de l’écriture (à quoi cela sert-il ? Quelle est l’originalité, la dimension atypique du texte ?).
c. La portée universelle – dépassement du contexte du texte.
On attend un plan équilibré :
- 3 parties, 3 sous-parties,
- 3 parties, 2 sous-parties,
- 2 parties, 2 sous-parties.
Exemple pour un extrait de fable :
La problématique sera : Comment le fabuliste s’y prend-il pour effectuer une satire de la justice ?
Ce plan peut souvent convenir :
I. Un récit plaisant et divertissant (=> renvoie au genre de la fable)
II. Une satire de la société (=> renvoie à la portée du texte)
ETAPE 4 : la rédaction
Ce n’est qu’une fois le plan travaillé finement, et la problématique trouvée que l’on peut commencer à rédiger au propre. Beaucoup de temps est nécessaire au brouillon. Tu disposes de 4 heures pour effectuer ce travail le jour du bac, ce n’est pas pour rien. Se précipiter sur la rédaction ne donne souvent pas un bon devoir.
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L’introduction du commentaire comporte 3 étapes (mais un seul paragraphe qui commence par un alinéa)
- Présentation du texte : présente brièvement l’auteur puis l’œuvre et enfin le texte à commenter. J’utilise souvent l’image de l’entonnoir, on part du général pour aller vers le particulier.
- Problématique : en une ou deux phrases, il faut définir sous la forme d’une question les enjeux principaux du texte.
- Plan : il faut annoncer de façon claire le plan suivi. (en fait les titres des axes)
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La rédaction du commentaire suit ton plan détaillé. (deux ou trois paragraphes, deux ou trois axes)
Chaque paragraphe débute par un alinéa.
Introduction
Saut de deux lignes
Première partie (ne pas marquer le plan sur la copie)
- phrase d’amorce qui formule l’idée directrice de la grande partie.
- paragraphe 1 : idée directrice du paragraphe + trios gagnants (au moins 3 par paragraphe) + phrase bilan
- paragraphe 2
- paragraphe 3
- phrase de transition : on annonce l’axe suivant après un rapide bilan.
Saut de deux lignes
Deuxième partie
- paragraphe 1
- paragraphe 2
- paragraphe 3
- phrase de transition
saut de deux lignes
Troisième partie
- paragraphe 1
- paragraphe 2
- paragraphe 3
saut de deux lignes
Conclusion : réponse à la problématique, bilan des grandes parties + une phrase d’ouverture.
2) Conseils de rédaction
Penser à :
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souligner les titres d’œuvres
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mettre des majuscules aux titres et aux noms propres
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citer le texte entre guillemets
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faire des parties équilibrées.
Eviter :
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l’avalanche de citations non commentées
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la paraphrase du texte (dire la même chose que le texte sans le commenter)
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séparer le fond et la forme
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faire des relevés de procédés de style sans interpréter
Pour aller plus loin, je t'invite à consulter Le Commentaire littéraire par l'exemple, Seconde et Première toutes séries de Coralie Nuttens aux éditions Ellipses.
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3) Un court exemple rédigé avec mon accompagnement par des élèves de seconde.
L'esprit des Lumières s'incarne dans Candide, qui est une œuvre composée par Voltaire, en 1759. Voltaire est un philosophe des Lumières, qui défend l’usage de la raison et qui croit au progrès de la société. Dans le conte philosophique Candide, Voltaire critique la société par l’intermédiaire du personnage éponyme, qui forge son opinion sur le monde tout au long de son parcours initiatique. Le chapitre 6 est une étape de ce parcours, puisqu’est raconté l’auto-da-fé suite au tremblement de terre de Lisbonne. Candide et Pangloss sont arrêtés arbitrairement à cet effet. Il s’agit de se demander comment Voltaire utilise l’auto-da-fé pour critiquer le fonctionnement de l’Inquisition. Tout d’abord, l’auto-da-fé est décrit comme un beau spectacle païen. Ensuite, il permet de montrer la richesse de l’Eglise. Il amène enfin une remise en question de la part de Candide.
L’auto-da-fé est présenté comme un beau spectacle païen.
Tout d’abord, les condamnés semblent être habillés avec des déguisements, comme le montrent les tenues qu’on leur fait porter : « ils furent tous deux revêtus d’un san-benito ». Le san-benito est une veste de couleurs vives, qui va contraster avec la mitre de papier, qui est une coiffe d’évêque. On mélange donc des éléments très disparates, qui produisent l’effet de déguisement et désacralisent le moment.
Ensuite, la cérémonie est présentée comme un « spectacle ». L’absurdité de cette cérémonie est montrée par le fait que « Candide fut fessé en cadence pendant qu’on chantait ». On a des chants, des danses : tout est fait pour proposer un spectacle, appuyé par l’adjectif « bel » qui qualifie au début de l’extrait l’auto-da-fé. Les rites qui normalement sont religieux deviennent profanes, comme le montre la proposition subordonnée circonstancielle concessive dans la phrase « Pangloss fut pendu quoique ce ne soit pas la coutume ». On a donc une cérémonie qui perd son caractère sacré pour proposer un beau spectacle.
Enfin, les sacrifices sont décrits de manière à renforcer l’absurdité de la situation. Le fait que les individus soient choisis au hasard montre le ridicule de la situation, ainsi que le fait que l’on trouve une raison tout-à-fait invraisemblable pour expliquer le choix des condamnés pour l’auto-da-fé, comme le montre les locutions pronominales « l’un », « l’autre » et le parallélisme de construction : « l’un pour avoir parlé, l’autre pour avoir écouté d’un air approbateur ». En outre, il s’agit ainsi d’un « spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu ». Notons ici cette impression désagréable d’assister à une recette de cuisine, à cause de la locution adverbiale « à petit feu ». Ce rite, qui, normalement devait avoir une fonction sacrée, est réduit à un simple acte du quotidien. On a donc des sacrifices arbitraires pour nourrir le spectacle.
Ainsi, l’auto-da-fé est présenté comme un spectacle avec un déguisement, une cérémonie festive et des sacrifices arbitraires. Toute cette mise en scène est un moyen pour l’Eglise de montrer sa puissance.
Le choix des personnes de religion opposée dans un premier temps est une marque de puissance de l’Eglise qui poursuit les hérétiques. Les personnages évoqués viennent de pays différents et sont de religions différentes, comme les portugais ou le biscayen. Les actes évoqués sont sans importance : le biscayen est « convaincu d’avoir épousé sa commère » (la voix passive indique qu’on l’a forcé) et les Portugais ont retiré le lard peut-être par goût ou par conviction. De toute façon, le poulet n’a pas de lard, ce qui est complètement absurde. Les arrestations sont uniquement effectuées dans le but de montrer que l’Eglise décide de tout.
Dans un second temps, l’omniprésence de l’Inquisition et de sa volonté de puissance est marquée tout au long du texte. L’utilisation du pronom indéfini « on » montre que l’Eglise est toujours présente. L’antiphrase « les sages du pays » souligne cependant l’absurdité de leur raisonnement. De plus, l’évocation de l’université de Coïmbre, qui est dirigée par l’Eglise, renvoie à un lieu opposé à la liberté de pensée. On est dans l’obscurantisme le plus total, ce que montre la volonté d’omnipotence de l’Eglise, qui contrôle tout.
Ainsi l’auto-da-fé est un acte cruel de la part de l’Eglise, ce qui va amener dans un dernier temps les prémices d’une réflexion de la part de Candide.
Candide constate que tout n’est pas au mieux. On voit que l’accumulation d’adjectifs « épouvanté, éperdu, […] », insiste sur l’état déplorable de Candide, ce qui amènera à une réflexion de sa part sur la théorie de l’optimisme. Cette réflexion est renforcée par l’anaphore « faut-il », qui montre les questions que se pose Candide à propos de l’expérience qu’il a vécue.
Mais Pangloss reste tjrs présent dans son esprit, il reste l’exemple de Candide. L’hyperbole méliorative répétée ensuite pour les personnages qu’estime Candide, exprime cette admiration et cette dépendance à la pensée de Pangloss : « Oh mon cher Pangloss, le plus grand des philosophes ». Néanmoins, le discours de Pangloss reste toujours présent dans la réflexion de Candide (« si c’est ici le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres ? ») : pas de réflexion, seulement des constats au niveau des réalités auxquelles il est confrontées.
Pour conclure, Voltaire utilise l’auto-da-fé pour critiquer le fonctionnement de l’Inquisition en le présentant comme un spectacle. La volonté de puissance de l’Eglise est également mise à mal par Voltaire, qui critique les superstitions. Enfin, cela amène une réflexion chez Candide, qui constitue une étape de son parcours initiatique dans le conte philosophique.
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